« Arrivé
en Guinée, vous cherchez le problème Guinéen. Vous ne trouvez rien… vous vous
apercevez alors pourquoi la Guinée est si reposante au terme d’un long voyage
dans l’outrance Africaine. C’est un pays sans obsession. Pas d’agitation
sociale, pas d’agitation politique. Il existe un grand parti Guinéen. N’en
attendez pas un nom de bataille : il s’appelle l’Union franco-guinéenne. Son
personnage dominant est un homme raisonnable et pondéré, que tout le monde
estime, M. Yacine Diallo. Les élections se sont déroulées avec une absence
monotone d’incidents. Comme me disait son gouverneur, il n’y a qu’une
exubérance en Guinée : la pluie pendant l’hivernage. Modération et
pauvreté vont souvent de pair. La modeste Guinée est délaissée, comme souvent
les modestes, les capitaux l’on oubliée, ils l’on laissée sommeiller dans son repli
d’Afrique et sa douceur angevine. Une Guinée bien équipée, prospère,
harmonieuse par la diversité de ses ressources et l’humeur de ses populations,
pourrait bien être alors comme le centre d’équilibre de l’Afrique, sinon sa
tête pensante ou sa vive flamme.»
Emmanuel
Mounier, L’Eveil de l’Afrique noire,
le seuil, Paris, 1948
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